5151 Côte-Ste-Catherine, Montreal | T 514.345.2627
Jewish Public Library

Horologium Hebraeum
(Londres : Thomas Payne, 1639)

À propos du livre

Schickard a vécu à une époque où la plupart des établissements européens d’enseignement supérieur étaient encore directement ou partiellement affiliés à l’Église. Avant l’apparition d’universités ou de programmes universitaires juifs spécialisés, l’étude de l’hébreu et de la Bible hébraïque était intégrée au programme d’études général. Les étudiants chrétiens comme Schickard qui avaient approfondi leurs connaissances faisaient partie d’un nombre croissant d’hébraïstes chrétiens. Deux livres de ce programme, De rudimentas Hebraicus de l’humaniste allemand du XVIe siècle Johann Reuchlin, spécialiste de l’hébreu et du grec, et Miklol du rabbin David Kimhi du XIIe siècle, ont influencé les premiers écrits de Schickard.

Schickard est devenu diacre après avoir terminé ses études universitaires, mais il a été nommé chargé de cours des langues hébraïque et araméenne à son alma mater, le Stift de Tübingen, précurseur de l’université qui s’y trouve. C’est à cette époque qu’il a rédigé sa première grammaire hébraïque Methodus linguae sanctae (1614).

Plus tard, il a décrit Methodus comme étant « simplement ses premières pensées sur le sujet, le travail d’un apprenant novice qui avait de grands espoirs, mais qui s’est retrouvé dans l’embarras, à juste titre ». Il a même dit qu’il était parmi les « nombreuses personnes qui rédigent des grammaires hébraïques plutôt que de les étudier. Si quelqu’un parvient à comprendre trois mots en hébreu, il écrira probablement son propre livre ». Cependant, en 1619, Schickard avait entièrement abandonné son travail ecclésiastique pour devenir professeur titulaire d’hébreu et d’araméen à Tübingen.

C’est là qu’il a commencé à réfléchir à la façon dont il pouvait améliorer Methodus afin de mieux enseigner la grammaire hébraïque à ses étudiants. Selon une théorie de Schickard, les textes de la Bible hébraïque eux-mêmes pouvaient former la matière initiale qui permettait aux étudiants d’apprendre quelques règles de grammaire et un vocabulaire clair et élémentaire, puis servir de base afin d’approfondir leur apprentissage de la langue par la suite. 

Un autre ouvrage, Synopsis locorum theologicorum, de son contemporain de Tübingen, le théologien Matthias Hafenreffer, a également inspiré les efforts de Schickard, notamment en raison de sa concision. Schickard considérait que ce livre de 50 pages était préférable au tome de 600 pages de Reuchlin, qu’il jugeait peu pratique, bien qu’il le trouvait composé de façon plus logique que l’œuvre de David Kimhi.

L’occasion pour Schickard de mettre ses idées à l’épreuve se présenta lorsque six de ses anciens étudiants en théologie, que six autres ont rejoints plus tard, lui ont demandé de leur enseigner l’hébreu. Les 116 pages qui composent Horologium, dont la préface est dédiée aux six premiers étudiants desquels il indique le nom, est le fruit de ces leçons. 

La page titre laisse sous-entendre qu’il est possible d’apprendre les bases de l’hébreu en « 24 heures en 12 jours ». En pratique, chaque étudiant disposait de deux heures pour étudier la grammaire et le vocabulaire d’un passage unique de la Bible. Chacun devait ensuite « enseigner » sa section aux autres, de sorte qu’au bout de 12 jours, tout le monde comprenait tous les textes. De même, l’élève A apprenait les mots commençant par chacune des trois premières lettres de l’alphabet hébreu, puis les enseignait à l’élève B, qui apprenait simultanément les mots commençant par les trois lettres suivantes. Le cycle se poursuivait jusqu’à ce que tous les élèves comprennent tous les mots du début à la fin de l’alphabet.

Le texte proprement dit se compose de lettres, de mots et de phrases hébraïques vocalisés, accompagnés de translittérations latines, de traductions et d’explications visant à faciliter la prononciation, la grammaire et la compréhension générale. Plusieurs appendices d’Horologium démontrent la syntaxe hébraïque, la conjugaison des verbes et la façon de trouver la racine d’un mot, la théorie de Schickard voulant que l’hébreu soit la langue originelle de l’humanité, et un lexique de 1 200 mots bibliques utilisés fréquemment.

Rédigée par Bartholomew Beck, recteur du gymnase ou établissement d’enseignement secondaire supérieur d’Eisleben, la dernière partie d’Horologium comme tel analyse et déchiffre le texte hébreu du psaume 34 selon les règles grammaticales de Schickard. Ce dernier avait écrit à Beck auparavant pour lui faire part brièvement de son intention et de ses théories et inviter sa participation. En guise de reconnaissance, Schickard a reproduit sa lettre au recteur, juste avant la préface d’Horologium, et terminé le livre par un bref poème en son honneur.

Une fois publié, Horologium a fait l’objet de quelques critiques de la part des érudits, mais l’ouvrage a acquis une grande popularité dans le milieu universitaire en général. En fait, pendant de nombreuses années après sa création, l’Université de Harvard en a fait un texte obligatoire dans les programmes de toutes ses facultés. En 2020, le livre a fait l’objet de près de 50 éditions et réimpressions.

À propos de l’auteur

Fils de la fille d’un pasteur luthérien, Wilhelm Schickard (1592-1635) est né à Herrenberg (Allemagne). Dans ce qui semble être la première des nombreuses tragédies à le frapper, son père charpentier est mort alors que Wilhelm n’avait que dix ans. L’un des oncles de Schickard, un prêtre, a pris la responsabilité de superviser l’éducation du jeune Wilhelm dans une école latine; un autre oncle a ensuite assumé des fonctions similaires par la suite. Ce dernier était professeur dans une école religieuse affiliée au Stift, à proximité de Tübingen, une région majoritairement catholique. Séminaire luthérien, résidence pour la formation des pasteurs et prédécesseur de l’université de Tübingen, le Stift proposait un programme de baccalauréat par l’intermédiaire de l’école confessionnelle. Étudiant la théologie, les langues, les mathématiques et l’astronomie, Wilhelm Schickard y a obtenu son diplôme en 1609. C’était le début de l’association de Schickard avec Tübingen, qui durera toute sa vie.

Schickard a poursuivi ses études au Stift, qui, heureusement, offrait le gîte, le couvert et des subventions aux étudiants relativement pauvres comme lui, et il y a obtenu sa maîtrise en 1611. Il a entrepris des études de troisième cycle spécialisées en théologie et en langues orientales pendant deux autres années, tout en subvenant à ses besoins en tant que professeur privé de mathématiques et de langues. À la fin de ses études, Schickard est devenu diacre luthérien et il a rédigé son premier ouvrage à être publié, une grammaire hébraïque, Methodus linguae sanctae (1614), qui a connu peu de succès. 

Compte tenu de sa formation universitaire, l’expression « hébraïste chrétien » décrit bien Schickard, mais au cours de ses cinq années de diaconat, il a également eu le temps de cultiver divers intérêts et de perfectionner des compétences inhabituellement vastes, notamment comme polyglotte, s’étant familiarisé avec au moins dix langues, et comme graveur sur bois et sur cuivre, inventeur, mathématicien, cartographe et astronome. Il a également continué à rédiger plusieurs traités sur des sujets aussi variés que l’optique et les langues anciennes, et entamé un échange de lettres avec un ancien élève de Tübingen destiné à devenir son collègue de travail. Les deux hommes discutaient des idées récentes de Schickard concernant une invention remarquable; son correspondant était le célèbre astronome Johannes Kepler. 

En 1619, Schickard a quitté ses fonctions pastorales après avoir postulé avec succès un poste de professeur d’hébreu et d’araméen à Tübingen. Il a développé ses propres méthodes d’enseignement, car il était convaincu qu’une partie de son travail consistait à faciliter l’apprentissage de ses étudiants. À cette fin, Schickard a publié Hebraea Rota (1621), un court traité sur la conjugaison des verbes hébreux qui, espérait-il, serait plus facile à utiliser que Methodus. 

Il s’agissait d’un jeu imprimé comprenant deux disques rotatifs qui, une fois coupés, placés l’un sur l’autre et manipulés selon le texte de Schickard, pouvaient afficher la conjugaison des verbes hébreux. Cependant, la portée limitée de Rota et la difficulté pour les utilisateurs de découper et d’aligner les petits trous nécessaires à la visualisation correcte des disques ont entraîné une réception plutôt mitigée du livre. 

Nullement découragé, Schickard a alors proposé un système où ses étudiants contribueraient individuellement à créer un ensemble de connaissances communes et cumulatives destinées à tous. Cette idée est devenue la base de Horologium Hebraeum (1623), un manuel publié dans d’innombrables éditions au cours des deux siècles qui ont suivi. La BPJ possède un volume relié qui contient Horologium et Rota, tous deux tirés d’éditions datées de 1639.

Les activités de Schickard lui ont valu une renommée dans les cercles savants. Dans Jus regium Hebraeorum (« la loi du roi », 1625), Schickard a eu recours à la littérature talmudique et rabbinique dans le but de prouver que la Bible hébraïque soutenait la monarchie. Il a également fait progresser la cartographie avec une précision sans précédent et inventé des machines à calculer pour la grammaire hébraïque et les dates astronomiques. Cependant, ses réalisations dans le milieu universitaire contrastaient fortement avec sa situation personnelle.

Schickard a épousé Sabine Mack en 1615. Dès le départ, leur destin semblait mal engagé. D’une part, seuls quatre de leurs neuf enfants survécurent à l’enfance. De plus, en 1631, ils ont brièvement fui Tübingen et se sont installés en Autriche pendant plusieurs semaines, en plein cœur de ce qui allait devenir la guerre de Trente Ans. Ils sont retournés à Tübingen, mais en 1632, ils se sont à nouveau rendus en Autriche, pour revenir encore une fois à Tübingen en 1634, après y avoir acheté une nouvelle maison adaptée aux observations astronomiques; cependant, deux mois plus tard, la bataille de Nördlingen a provoqué la violence, la famine et la maladie dans la région, en même temps que l’arrivée des soldats catholiques du Saint Empire romain et de l’Empire espagnol.

Schickard s’est bientôt retrouvé à enterrer la plupart des membres de sa famille, y compris sa mère, battue à mort par ces soldats, et sa fille aînée, ses deux filles cadettes et sa femme, ainsi que deux domestiques et un étudiant locataire qui ont tous été victimes de la peste bubonique. Ces calamités ont sûrement convaincu Schickard de préserver ce qui semblait de plus en plus être son seul héritage probable : ses notes et manuscrits savants, pour la plupart incomplets, qu’il a enterrés.

À l’été 1635, la peste a également emporté la sœur de Schickard, qui logeait dans sa maison. Ce dernier a d’abord réagi en s’enfuyant à Dußlingen, une ville voisine, dans l’espoir d’atteindre Genève. Cependant, craignant que les œuvres qu’il avait laissées à Tübingen ne soient volées, il y retourna, tomba malade et finit par mourir, également de la peste. Le jour suivant, son fils et seul héritier est mort également. 

Pendant plusieurs années avant sa mort, la réputation de Schickard avait brièvement éclipsé celle de certains de ses contemporains décédés depuis peu. Par exemple, après la mort de Johannes Kepler, son collègue polymathe Matthias Bernegger considérait Schickard comme le meilleur astronome vivant. De même, après la mort de Johannes Buxtorf, le philosophe et théologien néerlandais Hugo Grotius considérait Schickard comme le plus grand hébraïste. 

Outre les livres mentionnés ci-dessus, parmi les quelques œuvres achevées de Schickard, mentionnons Cometenbeschreibung, Handschrift (1619), Be’ur ha-ofan, également connu sous le titre de Rota Hebraea (1621), Astroscopium (1623), Lichtkugel (1624), Der Hebräische Trichter (1627), Kurze Anweisnug, wie künstliche Landtafeln aus rechtem Grund zu Machen (1629), et Ephemereis Lunaris (1631). 

Les exemplaires de la BPJ

L’exemplaire d’Horologium de notre bibliothèque a été imprimé à Londres en 1639 par le célèbre éditeur Thomas Payne. Philemon Stephens et Christopher Meredith ont financé le livre : ces deux libraires londoniens se consacraient principalement au commerce d’ouvrages théologiques pour la librairie Gilded Lyon de Stephens, située juste à l’extérieur des portes de l’enclos paroissial de la cathédrale Saint-Paul. À cette époque, les deux hommes possédaient leur propre entreprise depuis près de deux décennies et allaient poursuivre leurs activités pendant encore 25 ans, un exploit impressionnant étant donné que le Gilded Lyon comptait littéralement des centaines de concurrents tout près, dans le quartier considéré comme le centre du commerce du livre en Grande-Bretagne pendant environ un siècle. 

L’exemplaire mesure 16,5 x 11 x 2 cm, un joli volume suffisamment portable pour que les étudiants puissent l’utiliser. Il semble peu probable qu’il ait fait l’objet d’une nouvelle reliure, celle-ci rappelant la pratique typique du XVIIsiècle. Le cuir brun tacheté recouvre les deux plats recto et verso, et les gardes collées, qu’on peut facilement voir, ne sont devenues courantes que vers l’époque de l’impression de cette édition. De même, les tranchefiles qui sont sales, mais semblent être vertes et blanches, sont également typiques de cette période. Une petite bande décorative est estampée dans le cuir le long du dos sur les plats recto et verso. Le cuir au dos étant en grande partie décoloré, il est difficile de savoir si, à un moment donné, il a porté d’autres décorations ou informations sur le titre. Là aussi, la dorure fait particulièrement ressortir les nervures laissées par les coutures.

En ouvrant le volume, on peut voir des indications sur l’identité de deux des propriétaires du livre sur le contreplat recto. Un ex-libris illustré, collé à l’envers par rapport à l’orientation hébraïque du texte, sans doute dû à la méconnaissance de l’hébreu par l’un des propriétaires, porte le nom en caractères cursifs et l’écusson de la résidence de « William Markham Esq. Becca Lodge, Yorkshire ». Voilà qui semble surprenant, car Markham était le petit-fils de l’archevêque de York, William Markham, qui a donné son nom à la ville de Markham (Ontario). Le père de l’archevêque, le major William Markham, s’est installé en Nouvelle-Écosse et aurait construit la première maison de Halifax.

Lorsqu’on retourne la couverture de façon à ce que l’écusson de Markham soit à l’envers, une inscription manuscrite identifie un autre propriétaire et mentionne une date : « Ex Libris Brent Maxfield 1954 ». Maxfield, un collectionneur particulièrement prolifique d’œuvres anciennes britanniques, rédigeait constamment et assidûment des notes bibliographiques détaillées et bien documentées sur les ouvrages en sa possession et à l’intérieur de ceux-ci. Voilà ce qui expliquerait qu’à environ un centimètre en dessous de cette inscription, une note au crayon, rédigée de la même manière, indique que « cette édition ne figure pas dans le S.T.C. » ou British Short Title Catalogue (catalogue britannique des titres abrégés), une liste d’ouvrages principalement de langue anglaise publiés entre 1473 et 1800 en Grande-Bretagne et dans ses anciennes colonies que tient la British Library et d’autres organismes dans le monde. La succession de Maxfield a été liquidée lors d’une vente aux enchères de Sotheby’s dans les années 1980; il est possible que notre bibliothèque ait pris possession du présent exemplaire en tant que don provenant de cette vente.

Au recto du premier feuillet détaché, Maxwell aurait inscrit au crayon « Première édition. Une édition différente de celle du B. M. (British Museum). Le titre a été annulé (l’onglet original est encore présent dans cet exemplaire) et un nouveau titre et des pages liminaires ont été insérés. Il manque A1 (? Un feuillet vierge.) ». Le verso du feuillet est vierge. Une recherche en ligne confirme l’exactitude des notes de Maxwell : l’onglet est un reste de la bordure illustrée typographiée de la page titre originale de l’édition, imprimée un an plus tôt. Elle se distingue de la page titre définitive de 1639 par une version plus courte du texte et une inscription latine légèrement différente, « Faire des expériences [ou des tests] est de ne pas rire ».

Imprimée en caractères latins et italiques, la page titre de 1639 est intacte; elle ne présente aucune décoration autre que deux rectangles entourant le texte, et un troisième motif quelque peu inhabituel. 

À l’époque de la publication de cet ouvrage, Londres n’utilisait pas de numéros d’adresse municipale, et les entreprises avaient donc souvent recours à des enseignes comportant des symboles uniques pour indiquer où elles se trouvaient. Les imprimeurs ou les librairies en agrémentaient généralement les pages titres de leurs publications, sous la forme d’une marque d’imprimeur, dans ce cas, le lion d’or de Stephens. Toutefois, pour cette coentreprise avec Payne et Meredith, le trio avait décidé d’imprimer simplement les mots « sous le signe du lion d’or » et d’utiliser un emblème et une devise personnalisés.

L’emblème comporte une flèche bidirectionnelle entourée d’un cercle sur lequel figure une devise hébraïque imprimée qui suggère « Se souvenir est tout, et tout est souvenir ». L’emblème et la devise évoquent peut-être le cycle continu de l’apprentissage. À son tour, l’emblème est entouré d’une inscription latine dont la traduction approximative est « Voir, c’est ne pas rire », en d’autres termes, « Lisez ce texte et prenez-le au sérieux », ou « Prenez cet ouvrage à sa juste mesure ».

Une dédicace à l’archevêque de Canterbury, William Laud, suit la page titre. Fait intriguant, Laud collectionnait les manuscrits. Étant donné la date de publication de cette édition, il est d’autant plus remarquable qu’un an après sa parution, Laud ait été arrêté, jugé pour trahison et décapité cinq ans plus tard, bien que son procès se soit terminé sans verdict.

Les autres pages d’Horologium semblent intactes et bien reliées, avec des tranches dorées. 

Un exemplaire de Rota Hebraea de Schickard, imprimé par Payne et al. à Londres, et publié la même année qu’Horologium, est relié à ce volume directement à la suite de celui-ci. Représentant la seconde tentative de Schickard d’aider les étudiants à apprendre la conjugaison des verbes hébreux, cet ouvrage concis avait été publié à l’origine en 1621 et comprenait deux diagrammes circulaires présentant des limites pédagogiques et pratiques inhérentes. Par conséquent, le fait qu’il soit intégré à un volume relié a probablement plus à voir avec la date de publication commune qu’avec son utilité réelle. 

Tout aussi banales, la plupart des autres caractéristiques de Rota font pâle figure en comparaison de celles d’Horologium. Sa page titre ne comporte pas d’emblème d’imprimeur, de devise, ni d’autre motif représentatif; l’ouvrage se termine par une simple page d’errata, et la page de fin et la dernière garde collée sont vierges, contrairement à celles du début.

Le seul aspect visiblement intéressant de Rota est formé de deux petites pages insérées entre la dernière garde et le plat verso du volume, chacune comportant l’un des diagrammes susmentionnés. Le diagramme de l’avant-dernière page contient les suffixes de conjugaison des sept formes d’un verbe hébreu apparemment « standard », dans le cas présent, « se souvenir ». Le diagramme de la dernière page est divisé en sections individuelles étiquetées en latin pour indiquer le présent, l’infinitif, le futur et l’impératif, et il comprend également des préfixes d’infinitif correspondants étiquetés en hébreu, à côté de marques pour des trous que devait découper le lecteur. Lorsque l’utilisateur les découpe, qu’il place le diagramme sur le diagramme des formes verbales et le déplace correctement selon le texte de Schickard, il peut visualiser un tableau complet de la conjugaison du verbe pour n’importe laquelle de ces sept formes verbales ou de ces quatre temps. 

Le fait que les pages des diagrammes de notre exemplaire soient restées intactes et entièrement reliées au volume est assez remarquable, car au fil du temps, les propriétaires précédents, qu’il s’agisse d’étudiants ou de collectionneurs de livres, ont eu d’innombrables occasions de les retirer et de les assembler, comme Schickard l’avait prévu. 

Horloge à calcul

L’association de Schickard à son « horloge à calcul » ou calculatrice mécanique reste un sujet controversé. Le DFranz Hammer, biographe de Johannes Kepler, avait découvert des dessins de la machine à six chiffres dans des lettres que Schickard et Kepler avaient échangées. La conviction de Schickard que son invention pourrait être utile au calcul de tables astronomiques est à l’origine de ses échanges avec Kepler.

Hammer ayant déterminé que cette correspondance avait été perdue, il en a résulté une consécration indue de Blaise Pascal comme étant l’inventeur original de la calculatrice mécanique. Cependant, des recherches ultérieures ont montré que les images de Schickard avaient déjà été publiées plusieurs fois et, ce qui est encore plus important, que la machine qu’il décrivait ne fonctionnerait pas si elle était réellement construite. Il s’agissait néanmoins de la première conception d’une machine à calculer à entrée directe et d’une utilisation ingénieuse des réglettes de Neper rotatives pour la multiplication.

Pourtant, la controverse subsiste à savoir si les dessins et les lettres de Schickard à Kepler étaient réellement les plans définitifs et prétendaient représenter un dispositif fonctionnel, ou si l’ajout d’une pièce d’horlogerie d’usage courant, connue sous le nom de détente, aurait permis à la conception de Schickard de bien fonctionner et de valider son travail. Pour l’instant, la réponse demeure incertaine : si les horlogers ont fini par construire son horloge telle qu’il l’avait décrite à l’origine, ils n’ont jamais eu l’occasion d’en faire l’essai, parce qu’elle a été détruite dans un incendie. 

Copyright © 2024 Jewish Public Library | Politique de confidentialité
Federation CJA Logo