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Jewish Public Library

Maʻaśeh Toviyah (L’œuvre de Tobias)
(Venise : Stamparia Bragadina, 1707)

À propos du livre

Parce que Toviyah Kats était médecin, il est logique qu’une grande partie de « L’Œuvre de Tobias » soit consacrée à des sujets de nature médicale; certaines théories qu’il a avancées étaient révolutionnaires, notamment dans le domaine de la pédiatrie.

Néanmoins, ce n’est pas seulement dans le domaine médical que Kats se montre avide de nouvelles connaissances tout en adhérant aux idées traditionnelles. Par exemple, dans la deuxième partie de Maʻaśeh, il inclut des illustrations d’instruments astronomiques et mathématiques, dont un astrolabe, mais il discute aussi du système de Copernic, qu’il rejette vertement pour des raisons religieuses.

Cependant, la facette la plus intéressante de Maʻaśeh est avant tout une illustration qui en a fait un ouvrage célèbre. Dans la partie médicale, Cohn inclut une représentation allégorique du corps comme une maison, comparant effectivement le fonctionnement interne du corps aux pièces d’une maison.

Ses remèdes sont généralement ceux qui étaient connus à son époque : laxatifs, émétiques, ventouses et saignées. Cependant, il s’oppose fortement au système galénique, encore très populaire, par exemple lorsqu’il traite des maladies de l’estomac. Il a fourni la première description de la plica polinica (maladie des cheveux non soignés), consacrant beaucoup de temps à cette maladie courante en Pologne à l’époque. Il appuyait également le système de circulation sanguine de Harvey, ce qui montre qu’il chevauchait l’ancien monde médical et les nouveaux développements qui gagnaient du terrain parmi les médecins européens.

À propos de l’auteur

Né à Metz (France), Toviyah Kats (1652-1729) était également connu sous le nom de Tobias Kohn, Tobiasz Kohn, Toviyyah ben Moshe ha-Kohen et Tuvia Ha-rofeh. Il descend d’une lignée d’influences médicales et nomades : son grand-père Eléazar qui était médecin a quitté la Palestine pour s’installer à Caminiec-en-Podolie (Pologne), tandis que Moses Kohn, le père de Toviyah, s’est installé à Metz en raison du soulèvement dirigé par Khmelnytsky, et de la persécution des Juifs polonais qui en a résulté. Quand son père est décédé alors qu’il avait neuf ans, Toviyah et son frère aîné ont été renvoyés en Pologne pour être élevés par la famille élargie.

Après avoir reçu une éducation juive traditionnelle à Cracovie, Kohn a étudié dans les universités de Francfort-sur-l’Oder et de Padoue, où il a obtenu son doctorat en médecine. Il est ensuite retourné en Pologne pour pratiquer la médecine pendant un certain temps, puis s’est rendu en Turquie vers 1686, où il a été le médecin de la cour de cinq sultans ottomans successifs.

En raison de ses nombreux voyages, Kats connaissait au moins 10 langues, avec des degrés de maîtrise variables. Il est clair que son talent de polyglotte a été utile à sa pratique et lui a permis d’accéder aux connaissances médicales européennes et moyen-orientales, lesquelles ont également fortement influencé Maʻaśeh. Il a aussi critiqué publiquement, et à plusieurs reprises, l’antisémitisme de ses professeurs de Francfort, tout en déplorant l’attachement des Juifs kabbalistes aux miracles plutôt qu’à la science.

En 1724, Kohn s’est rendu à Jérusalem, où il a vécu les dernières années de sa vie. 

Les exemplaires de la BPJ

Notre exemplaire est issu de la première édition, imprimée en 1707 à Venise par la Stamparia Bragadina. Maʻaśeh a ensuite été réimprimée en 1715, 1728, 1769 et 1850. Plus petit qu’une encyclopédie moderne, et certainement beaucoup plus petit que ce que nous pourrions attendre d’un ouvrage scientifique, il mesure 23,5 x 17 x 3 cm. La page titre est manquante, tout comme le sont un nombre indéterminé de feuillets vers la fin du livre, ce qui indique un problème plus important concernant l’état de notre exemplaire. La plupart des feuillets du début, ainsi que les 18 derniers feuillets, présentent des signes de dommages importants et ils ont fait l’objet de réparations considérables. Étant donné l’ampleur des rousseurs et des trous de vers dans l’ensemble de l’ouvrage et la présence de nombreuses notes marginales détaillées, il est logique que quelqu’un ait pensé à en préserver le contenu et les notes supplémentaires en procédant à une nouvelle reliure. Le résultat est magnifique. 

Recouverte de cuir marron robuste et soyeux, la nouvelle reliure est dans un état presque parfait. Bien qu’il soit évident qu’aucun effort n’a été fait afin de s’assurer qu’elle soit conforme à l’originale, elle rend l’ouvrage beaucoup plus facile à manier que bon nombre de ses semblables, un exploit particulièrement impressionnant, étant donné l’état précaire de certaines pages. Au bas du dos, des lettres dorées précisent la date d’impression, 1707, tandis que le haut du dos est orné d’une pièce de cuir rouge et de lettres hébraïques dorées similaires citant le titre abrégé de l’ouvrage. Les nouvelles pages de garde, de bonne qualité, présentent des pontuseaux visibles.

La page titre est manquante. Cependant, il semble que Maʻaśeh ait été conçu comme un ouvrage en trois volumes : la page titre du deuxième volume est placée environ aux deux tiers du début du livre, et nous donne une idée de la mise en page de la page titre du premier volume. La couverture du troisième volume, identique à celle du deuxième volume, apparaît peu après, présentant de lourds portails ornés, surmontés d’une coquille et d’un vase de chaque côté et encadrés par des colonnes entourées de lierre de chaque côté, alors que le bas est orné de verdure sculptée. Dans l’espace minuscule au centre, du texte en hébreu indique le contenu du volume et le lieu de publication, ainsi que le nom de l’imprimeur en caractères latins.

À l’intérieur du volume, un titre décoratif identifie chaque section. Son ornementation imite les pages titres simplifiées pour lesquelles l’imprimeur était connu. Des empreintes de tampons botaniques occupent près de 2,5 cm d’espace de la page, au-dessus du titre de chaque chapitre. Chacune des sections est divisée en chapitres, bien qu’aucun changement de page et souvent aucun saut de ligne ne l’indique. Ils apparaissent plutôt au début de la ligne où la section commence et dans le texte, alors qu’on pourrait s’attendre à voir une lettre enluminée. 

Depuis la première parution de Maʻaśeh jusqu’à aujourd’hui, les abondantes illustrations qu’il contient se sont avérées sa facette la plus intéressante, tant pour les lecteurs sérieux qu’occasionnels. Parmi ces images, qui prédominent dans les sections astronomie et hygiène de l’ouvrage, la plus célèbre, intitulée « Le livre d’une nouvelle maison » apparaît dans la deuxième partie du deuxième volume. Elle dépeint et décrit le corps humain et ses composantes en utilisant l’analogie d’une maison.

À propos de l’imprimeur

Dans notre collection, depuis les livres les plus anciens, la mention du prénom et du nom de famille de l’imprimeur sur la page titre est pratiquement chose courante. Le nom d’une imprimerie y est rarement mentionné; pourtant, une telle entreprise contemporaine a commencé à faire sa marque avec des livres comme Maʻaśeh : Stamparia Bragadina (littéralement « l’imprimerie de Bragadin »), qui a été fondée quelque temps avant 1550 par Alvise Bragadin.

Né à Venise au début du XVIsiècle, Alvise était issu de l’une des familles chrétiennes les plus riches et les plus influentes. Bien que nous ne sachions pas avec certitude quand il a commencé à imprimer en hébreu, ou même dans une autre langue, les recherches scientifiques les plus communément reconnues suggèrent que la première production juive de la Stamparia a été le Mishné Torah (1550). 

Cependant, le choix du moment et les pratiques commerciales de Bragadin se sont rapidement avérés malencontreux. Plus particulièrement, son collègue imprimeur Marco Antonio Giustianini et lui-même ont d’abord forcé l’imprimeur rival Daniel Bomberg à cesser ses activités; le différend juridique qui a suivi entre Alvise et son ancien allié au sujet d’éditions concurrentes du Talmud a finalement abouti à l’autodafé du Talmud par l’Église en 1553, et à l’interdiction par Venise, en 1554, de l’impression de livres hébraïques pendant neuf ans. 

Quoi qu’il en soit, une fois l’interdiction levée, la Stamparia a repris l’impression et a poursuivi ses activités avec un succès remarquable, même après la mort d’Alvise en 1575. Son fils Giovanni a repris l’entreprise, qui a ensuite exercé un quasi-monopole sur l’impression de livres hébraïques pendant près de 60 ans. Ses livres s’échangeaient dans toute l’Europe, en Afrique du Nord et dans une partie considérable du Moyen-Orient. La famille Bragadin a entretenu le succès de la presse jusqu’à son déclin, au milieu du XVIIIsiècle.

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