Sefer ha-Zohar (« Le livre de la splendeur ») (Slavouta [Pologne/Ukraine] : Shapiro, 1815/1827/1863)
À propos du livre
Le Zohar n’est pas un seul livre, mais plutôt une collection d’œuvres sous un seul titre. Il est généralement imprimé en cinq volumes, composé d’ouvrages intitulés Sefer ha-Zohar al ha-Torah (trois volumes), Tikkunei ha-Zohar et Zohar Chadash. La majeure partie est aujourd’hui attribuée à Moïse de León, bien que le Zohar Chadash soit constitué d’écrits de kabbalistes de Safed compilés après la première impression du Zohar. Il s’agit essentiellement d’un midrash kabbalistique, organisé par portions hebdomadaires de la Torah jusqu’au chapitre 29 du Livre des Nombres. Par ailleurs, seules trois portions de la Torah sont présentes. Les écrits comprennent des expositions sur les portions qui sont parfois tangentielles, explorant des sujets à peine liés à la portion concernée, ainsi que des légendes, des homélies et des histoires sur Shimon bar Yohaï. Malgré les controverses sur l’auteur, le Zohar est devenu et demeure le texte fondamental à partir duquel tous les kabbalistes ultérieurs ont construit leurs écrits.
À propos de l'auteur
Bien que Moïse de León soit aujourd’hui reconnu comme l’auteur du Zohar, la paternité de l’ouvrage a été très contestée pendant un certain temps, en partie en raison de León lui-même. Né en Espagne vers 1240, il a passé ses trois premières décennies à Guadalajara et Valladolid avant de s’installer à Ávila. À la différence de nombreux kabbalistes célèbres, on sait peu de choses de la vie personnelle de León. Il était instruit et très cultivé : il connaissait les philosophes médiévaux, les écrits sur le mysticisme et les œuvres d’ibn Gabirol, de ha-Levi et de Maïmonide, dont le Guide des perplexes a été copié pour León en 1264. Son premier ouvrage, Sefer ha-Rimmon (1287), explore la loi rituelle d’un point de vue mystique; il est suivi de ha-Nefesh ha-Hakhamah (1290) et de Shekel ha-Kodesh (1292), qui approfondissent tous deux sa pensée kabbalistique en s’interrogeant sur la résurrection et la transmigration de l’âme. Son Mishkan ha-Edut (1293) traite du paradis, de l’enfer et de l’expiation en s’appuyant sur l’apocryphe Livre d’Enoch et sur une interprétation kabbalistique d’Ezéchiel.
Ces travaux ont été suivis de façon célèbre par un midrash kabbalistique araméen du Pentateuque, connu aujourd’hui sous le nom de Zohar. Lors de sa première parution à la fin du XIIIe siècle, cette œuvre a immédiatement suscité des rumeurs et des soupçons. Son titre original, « Midrash de-R. Shimon bar Yohaï », attribuait la paternité du texte à Shimon bar Yohaï, un disciple du rabbin Akiva considéré comme un maître spirituel par les sages juifs connus sous le nom de Tannaim. Cependant, dès le début, bon nombre en ont douté. Après la mort de León en 1305, ces doutes auraient été confirmés lorsque sa veuve a avoué à un acheteur potentiel du manuscrit à partir duquel León avait fait sa copie que León était le véritable auteur du manuscrit. Apparemment, León pensait que le fait d’attribuer la paternité du Zohar à Shimon bar Yohaï lui conférerait de l’autorité et augmenterait son profit potentiel. D’autres, en revanche, pensent que León est le véritable auteur, mais qu’il a écrit le Zohar grâce à une intervention divine, la connaissance étant transmise par des moyens miraculeux.
À propos de l'imprimeur
La famille d’imprimeurs Shapiro s’est établie à Slavouta, située à l’époque dans la province polonaise de Volhynie et aujourd’hui en Ukraine. Le prince Hieronim Janusz Sanguszko (1743-1812), dernier dirigeant indépendant de la Volhynie, résidait principalement à Slavouta. Comme d’autres dirigeants polonais, Sanguszko considérait que les résidents juifs faisaient partie intégrante de la reconstruction des villes et du développement du commerce extérieur. En 1791, il a donc accordé la permission d’ouvrir une presse juive à Mosheh Shapiro (1759-1839), le rabbin de Slavouta nouvellement nommé et non rémunéré. Moshe était le fils du célèbre chef hassidique Pinchas Shapiro, et un membre du cercle du Ba’al Shem Tov.
Au fil du temps, les Shapiro ont allié leur fortune à celle de la dynastie Sanguszko. C’est ainsi que les Shapiro se sont retrouvés au cœur d’une incroyable controverse qui a démontré la fracture de la communauté juive et a engendré des conséquences fâcheuses pour eux et pour les imprimeurs juifs en général. Pourtant, même jusqu’à aujourd’hui, leur héritage a perduré, y compris un lien remarquable avec la BPJ.
En 1793, l’Empire russe contrôlait Slavouta et une grande partie de la Pologne autrefois indépendante. Entre 1830 et 1831, des rébellions armées se sont élevées contre l’Empire. Parmi les rebelles se trouvait Roman Stanislaw (1800-1881), le petit-fils d’Hieronim, un déserteur de l’armée russe. Lorsque la rébellion a échoué, Roman a été déchu de ses droits civils et de ses terres, et condamné à l’exil. Toutefois, cette peine a été commuée en service militaire dans le Caucase. En 1838, il avait retrouvé sa noblesse et son rang militaire. Sept ans plus tard, Roman, devenu sourd, est retourné à Slavouta. Sans héritier, il s’est consacré à l’entretien de son domaine et à ses locataires, et il a soutenu ardemment les exilés qui rentraient au pays, tant sur le plan financier que psychologique. D’autres devaient plus tard le considérer comme un handicap, en particulier en ce qui concernait les Shapiro.
Sous l’égide des Sanguszko, la presse des Shapiro prospérait. Mosheh, un graveur au talent exceptionnel, concevait des lettres qui étaient connues pour leur clarté et leur beauté. Il a imprimé le premier Talmud complet de Babylone, un ouvrage dont la couleur et la qualité du papier ont fait la renommée de la presse partout en Russie et en Europe occidentale. Ce sont finalement les fils de Mosheh, Shmuel-Abba et Pinchas, qui ont repris l’entreprise. Ils fabriquaient leur propre papier et leur propre typographie afin de garantir la haute qualité des responsa, des ouvrages halakhiques et autres sur lesquels reposait leur réputation. Ils employaient également de nombreux non-Juifs locaux aussi bien que des Juifs. Bientôt, Shmuel-Abba et Pinchas avaient transformé la presse Shapiro en la plus grande imprimerie de l’Empire, tout en consolidant leur influence à Slavouta même.
En 1825, Nicolas Ier dirigeait l’Empire, et il détestait les Juifs. Ainsi, leur qualité de vie s’est détériorée de façon exponentielle pendant son règne. Les conflits entre les Hassidim, leurs opposants traditionalistes Misnagdim et les Maskilim laïques modernes ‒ et la propension de chaque faction à dénoncer les infractions perçues ‒ déstabilisaient toute la communauté. D’autre part, des rapports similaires émanant de convertis au christianisme commençaient également à parvenir au régime de Nicolas.
Au début des années 1830, les Misnagdim, soutenus par les Maskilim, informèrent le tsar que les Hassidim imprimaient et distribuaient des écrits problématiques et non censurés. Leurs attaques visaient les Shapiro, bien qu’ils aient produit de nombreux ouvrages non hassidiques. De leur côté, les Shapiro tentaient de braquer les projecteurs sur leur principal concurrent, une imprimerie de Vilna que soutenaient les Misnagdim. Les deux parties fournissaient des informations inexactes et incendiaires au gouvernement.
La situation a atteint son paroxysme en 1835. Mosheh, Shmuel-Abba et Pinchas ont été accusés du meurtre d’un relieur retrouvé pendu dans la synagogue de Slavouta. Peu de temps auparavant, ils l’avaient licencié pour ivresse, mais en fait, il s’était suicidé. Néanmoins, un prêtre a affirmé que le relieur avait l’intention de remettre aux autorités une page non censurée d’un livre de Shapiro qui devait être imprimé sous peu. Le texte indiquait qu’il était interdit aux Juifs d’aider les chrétiens, même en cas de danger de mort. Ce motif inventé et les circonstances ont attiré l’intérêt de Nicolas Ier, qui a ordonné de traduire les parties concernées devant un tribunal militaire. Ceux qui seraient reconnus coupables encourraient une punition de la plus grande sévérité.
Avant le procès, l’alliance autrefois profitable entre les princes Sanguszko de Slavouta et les Shapiro s’était avérée infructueuse. Le prince Eustache Sanguszko, le père de Roman, l’ancien rebelle polonais contre l’Empire russe, s’est porté garant des Shapiro, qu’il estimait beaucoup. Néanmoins, l’enquêteur du tribunal, le comte Vasilchikob, peu convaincu, a formellement accusé les Shapiro de meurtre en 1836. Il a considéré que leur crainte d’être dénoncés parce qu’ils avaient imprimé le livre sans l’autorisation de la censure constituait une motivation valable pour le crime, ce qui a rapidement mené à la fermeture de leur presse.
Ils ont été reconnus coupables, en partie grâce au faux témoignage d’un médecin juif qui a également fourni une traduction faussée du livre non publié. Comme on pouvait s’y attendre, le prêtre qui avait décrit en détail le voyage fatal du relieur s’était également assuré les services de ce médecin; le tsar a ensuite récompensé ce dernier avec des fonds saisis chez les Shapiro.
La punition des Shapiro était, de loin, la plus sévère jamais infligée à des Juifs de Russie : trois ans de prison à Kiev, suivis de 1 500 rouées de coups alors qu’ils avançaient entre deux rangées de gardes, l’annulation de leurs droits civils, et finalement l’exil (à pied!) en Sibérie. Mosheh est tombé malade à Kiev et il est mort en 1839, peu avant d’être roué de coups. On ne s’attendait pas à ce que Shmuel-Abba et Pinchas survivent à cette épreuve, et on a recueilli leurs dernières volontés. Le frère cadet Pinchas, âgé de 47 ans, a demandé à partir en premier et à être enterré dans un cimetière juif s’il venait à mourir. Alors qu’il subissait une rouée de coups, il a prolongé sa souffrance en refusant de continuer à marcher devant les gardes jusqu’à ce que sa kippa, qui était tombée, lui soit rendue.
Les deux frères ont survécu, mais ils ont subi tellement de blessures qu’il leur a fallu attendre d’être suffisamment guéris, à la fin de l’année 1839, pour entreprendre le voyage vers la Sibérie. Enchaînés, ils ont mis une année entière pour se rendre à Moscou. À leur arrivée ils ont à nouveau été placés en détention afin de permettre à leur santé de s’améliorer et de pouvoir poursuivre leur voyage.
À ce stade, le sort des Shapiro devient incertain. Certaines sources affirment qu’ils ont atteint la Sibérie, où Shmuel-Abba est mort. D’autres indiquent que leur situation a permis à la communauté juive fragilisée de s’unir pour les sauver, ou qu’un prince compatissant a réussi à convaincre le tsar de les transférer à l’hospice de Moscou, où des pots-de-vin versés à des officiels de bas niveau leur ont assuré un régime casher et leur ont permis de recevoir des visiteurs, dont le prince Eustache, qui leur a transmis des nouvelles de leur famille. Dans ces versions, ils évitent en fait l’exil sibérien, résidant à Moscou pendant 16 ans avec non moins de 48 examens médicaux confirmant à plusieurs reprises leur incapacité à poursuivre leur voyage.
En 1848, le comte Vasilchikob, désormais repentant, a demandé à Nicolas Ier de gracier les Shapiro; le tsar a refusé. Lorsque Vasilchikob est devenu gouverneur général de l’Ukraine en 1855, il a réitéré sa demande, obtenant cette fois gain de cause. Les Shapiro ont été libérés l’année suivante; sur le chemin du retour vers Slavouta, ils ont séjourné à Kiev où Vasilchikob les a hébergés et a imploré leur pardon. Dès leur arrivée à Slavouta, toute la ville a fait la fête. Chacun des frères est devenu rabbin, l’un à Slavouta, l’autre dans une ville voisine, semblant indiquer que, quelles que soient les preuves (ou l’absence de preuves) de l’exil sibérien, ils ont survécu à leur peine. Leur héritage d’imprimeurs, quant à lui, y a également survécu.
D’une part, les fils de Shmuel-Abba et Pinchas ont loué la presse de Zhitomir en 1847, rétablissant ainsi l’entreprise familiale. C’était la seule presse juive, à l’exception de la célèbre entreprise Rom de Vilna, autorisée à exister dans l’Empire russe entre 1836 et 1862. D’autre part, Shmuel-Abba et Pinchas avaient compilé un manuscrit pendant leur séjour forcé à Moscou, afin de poursuivre leur pratique religieuse. Sous le régime soviétique, il a été volé avant d’être rendu à la famille Shapiro dans les années 1920 dans le cadre du règlement de la guerre polono-soviétique. Le manuscrit a finalement été donné à Menachem Mendel Schneersohn, le célèbre rabbin et leader Loubavitch de Brooklyn, où il est toujours utilisé lors des occasions les plus solennelles du calendrier juif.
Enfin, les Archives de la BPJ abritent une autre descendante de la famille Shapiro. Chava Shapiro, née à Slavouta en 1879 et mieux connue comme écrivaine et journaliste hébraïque, a immortalisé l’histoire de Shmuel-Abba et de Pinchas dans Les Frères de Slavouta tout en vivant elle-même une épopée. À la fin de son adolescence et déjà malheureuse en ménage, Chava s’était réfugiée dans l’écriture et elle passait fréquemment de longues soirées dans le cercle des hommes qui discutaient de leurs efforts littéraires au domicile d’Isaac Leib Peretz, le célèbre yiddishiste et maskilim. Une liaison avec Reuben Brainin, le fondateur de la BPJ, l’a incitée à quitter son mari et son fils et à poursuivre ses études. Cependant, Brainin a dévasté Chava en décidant d’immigrer en Amérique du Nord avec sa femme. Chava s’est finalement remariée, mais une fois de plus sans y trouver le bonheur.
Malheureusement, contrairement à l’histoire de ses ancêtres, celle de Chava ne se termine pas triomphalement, car elle a fini par être déportée avec son mari à Theresienstadt où elle est décédée en février 1943. Cependant, les Archives de la BPJ conservent plus de deux cents lettres qu’elle a adressées à Brainin et qui, lorsqu’elles ont été redécouvertes, ont suscité un regain d’intérêt et de reconnaissance envers Chava en tant que pionnière, ayant insisté pour obtenir une éducation et une vie de liberté souvent réservées uniquement aux hommes.
L'exemplaire de la BPJ
La BPJ détient plusieurs exemplaires du Zohar imprimés par les Shapiro : en fait, elle en détient trois. Deux frères, Moshe et Pinchas Shapiro, ont imprimé les deux premiers exemplaires, l’un en 1815, l’autre en 1827, alors que le dernier exemplaire a été imprimé en 1863 après que les fils de Moshe et de Pinchas aient déplacé leur presse à Zhitomir.
L’exemplaire de 1815 mesure 20,5 x 13 x 5,5 cm. Il a reçu une nouvelle reliure partielle, bien que la reliure originale en cuir brun foncé, maintenant fissurée et sale, soit encore visible. Une protection de toile brune a été ajoutée aux ais supérieur et inférieur encore intacts, mais la toile se décolle aux coins des plats supérieur et inférieur. Le dos est recouvert d’une flanelle à carreaux bleus décolorée, à laquelle une bande de papier avec des caractères hébraïques avait été apposée à un certain moment. Toutes les lettres, sauf les deux dernières, sont décollées.
La page titre est très caractéristique des imprimeurs Shapiro. Le titre Sefer ha-Zohar en hébreu est imprimé en travers du pli en grandes lettres rouges. Un ornement central, un vase avec des fleurs, et le lieu de publication sont également imprimés en rouge. Principalement en caractères typographiques ashkénazes, le texte comprend également une petite section en écriture Rashi. La page de garde antérieure, légèrement endommagée par les insectes, comporte deux signatures au crayon et au stylo violet dans une très grande écriture qui ressemble à un exercice d’écriture d’enfant. Des inscriptions additionnelles figurent probablement à l’autre extrémité de la page, mais elles ont été recouvertes d’un morceau de papier de 10 x 7 cm rempli d’une écriture yiddish rédigée au stylo vert.
Compte tenu de l’âge du livre, ses pages en tissu sont généralement en bon état. Des chaînettes verticales y sont visibles, et une légère décoloration est concentrée uniquement sur les bords antérieurs. On n’y trouve aucune note marginale. De petits filigranes indistincts et irréguliers sont évidents sur les feuillets. Un court texte en caractères d’imprimerie est inscrit au verso de la page titre, peut-être l’approbation. Le texte proprement dit commence au recto de la page suivante, le mot hébreu Va-yikra encadré apparaissant à la partie supérieure, et quelqu’un a également écrit à l’encre en yiddish la date apparente de 1885. Une écriture extrêmement délavée est inscrite verticalement sur toute la longueur de la marge extérieure. Un tampon à l’encre noire en caractères cyrilliques apparaît dans le coin gauche.
La page de garde semble avoir été recouverte d’une autre page. Les deux sont très endommagées et la couche supérieure a été partiellement arrachée, laissant apparaître la couche du dessous. Sur la couche supérieure, l’encre de l’inscription élégante rédigée en plusieurs langues est encore assez claire. Cependant, si le texte en yiddish est discernable, le reste de la partie en alphabet latin ne permet pas de déterminer exactement de quelle langue il s’agit. La couche inférieure était probablement la page de garde originale; la majeure partie de l’inscription en yiddish visible ici semble être un transfert d’encre de la couche supérieure.
L’exemplaire de 1827 mesure 23 x 17,5 x 4,5 cm. Il a fait l’objet d’une nouvelle reliure et, contrairement à l’édition de 1815, il ne reste rien de la reliure originale. Les nouveaux plats sont en vinyle rouge, et le dos en vinyle noir, ce qui est très caractéristique de la pratique du milieu du XXe siècle. Malgré la réfection de la reliure, le dos se détache de la nouvelle reliure sur les deux tiers inférieurs.
En ouvrant le livre, on remarque immédiatement que la partie supérieure de la page titre a été déchirée assez nettement. Le titre est manquant, mais une minuscule partie d’une lettre subsiste, preuve qu’il était également imprimé en rouge. Pourtant, il existe des différences mineures entre cette page titre et celle de l’édition de 1815 : « Slavouta » est à nouveau imprimé en rouge, mais l’ornement de la page a changé et il apparaît maintenant en noir. La mise en page est similaire, utilisant à la fois les caractères typographiques ashkénazes et l’écriture Rashi, tout comme le texte. Un tampon à l’encre noire dans le coin inférieur droit est malheureusement maculé et illisible. Le verso de la page titre porte une approbation en latin.
Tout comme l’édition de 1815, les pages de l’édition de 1827 sont dans un état exceptionnel, présentant très peu de dommages. Contrairement à l’édition antérieure, plusieurs caractéristiques les rendent uniques. Tout d’abord, elles sont de couleur bleu pâle. En outre, elles sont plus épaisses, avec des vergeures horizontales et des filigranes plutôt fascinants. Un filigrane décoratif est intégré à chaque cahier du dos, ce qui le rend difficile à distinguer. Des numéros sont imprimés perpendiculairement au dos, le long des deux chaînettes supérieures. Dans certaines pages, un « 8 » figure sur la ligne supérieure de la chaînette et un « 1 » sur la ligne du dessous, tandis que sur la page suivante, les chiffres correspondants sont « 6 » et « 2 ».
Un ornement floral qui n’apparaît pas dans l’édition de 1815 décore la dernière page. Une page de garde ajoutée qui ne correspond pas à la reliure originale ‒ et qui est superflue par rapport à la page de garde de la nouvelle reliure ‒ sépare l’ouvrage de la nouvelle reliure. Ce fait indique que le présent exemplaire a peut-être reçu une nouvelle reliure précédemment, rendant ainsi l’état des pages à l’intérieur encore plus impressionnant, car il suppose que le livre a été manipulé de manière importante malgré l’absence de notes marginales ou d’autres indications d’utilisation.
Imprimé en 1863, notre troisième exemplaire mesure 24 x 17 x 4 cm. Il a reçu une nouvelle reliure en cartons marbrés; le dos et les coins sont recouverts de tissu. À l’ouverture du volume, un feuillet de papier manille fait office de page de garde, suivi d’un autre feuillet de papier manille volant.
Le verso du troisième feuillet du livre en papier grisâtre collé contient des inscriptions en écriture cursive yiddish rédigée en noir et un petit tampon illisible à l’encre noire avec un dessin. Le recto porte des inscriptions cursives à l’encre rouge, probablement en caractères cyrilliques, et deux petites colonnes de chiffres inscrites au crayon.
La page titre de l’exemplaire est imprimée à l’encre rouge et noire et elle présente le même tampon que sur le troisième feuillet, mais il est ici tout à fait lisible : les lettres « S.L. » sont inscrites en police de caractères Fraktur de type vieil anglais ou allemand.
Le recto du dernier feuillet de texte de l’exemplaire proprement dit présente le même tampon à l’encre à la fin de l’ouvrage, bien qu’il soit légèrement moins lisible que sur les feuillets 3.2 semblables à ceux placés au début du livre.
Deux aspects de tous les exemplaires du Zohar des Shapiro que détient la BPJ sont caractéristiques de leur réputation d’imprimeurs de haute qualité. Leurs marges sont uniformément espacées. De plus, ces ouvrages présentent un choix stylistique unique de polices de caractères : tout en utilisant des caractères typographiques ashkénazes dans les titres, la numérotation des pages et le texte en tête de page, le gros du texte et les notes marginales sont tous imprimés en caractères Rashi. Tous les Zohar suivent systématiquement cette mise en page, laquelle diffère des ouvrages non kabbalistiques des Shapiro que possède la bibliothèque. Notamment, un Zohar contemporain de 1815 imprimé à Chklow (Biélorussie), également sur les rayons de la BPJ, imite les choix de polices de caractères des Shapiro.